Pour le spécialiste de la question du maintien de l’ordre, la répression menée contre les « gilets jaunes » « laissera des traces dans toute une génération ».
Hémorragie cérébrale d’un homme de 47 ans à Bordeaux, traumatisme facial d’un manifestant à Toulouse, fracture au front d’un lycéen à Orléans… L’écrivain et documentariste David Dufresne, auteur de l’enquête Maintien de l’ordre (Fayard, 2013), recense et signale les bavures policières observées lors des manifestations des « gilets jaunes ». Il dénonce le « déni politique et médiatique » de ces violences, selon lui profondément « antirépublicain ».
Vous effectuez un comptage des blessés, quel est votre objectif ?
Ce recensement est parti d’un effet de sidération devant les violences policières exercées et devant le silence politique et médiatique. C’est une démarche de documentariste, d’observateur de la police et de lanceur d’alerte. J’essaie de contextualiser au mieux les images que je repère. De plus en plus, les victimes ou leur famille m’envoient directement des informations. Je signale au ministère de l’intérieur les violences, mais aussi les manquements à la déontologie policière. Tous ceux qui sont blessés au visage peuvent porter plainte, car, comme l’expliquent les manuels de maintien de l’ordre, il est interdit de viser la tête.
Sur les 300 signalements recensés [sur son compte Twitter], je compte au moins 100 blessés graves, dont une quinzaine de personnes éborgnées et plusieurs mains arrachées, mais aussi des insultes et menaces lancées par des policiers ou encore des destructions de téléphones portables. Les émeutes de 2005 se sont déroulées tous les jours, toutes les nuits, trois semaines durant, et elles ont engendré moins de débordements que lors des manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes ».
allo @Place_Beauvau – c’est pour un signalement – 300 (édition spéciale)
Rappel à la loi ?
«Toute autorité constituée qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République». pic.twitter.com/peHGORtAZm
— David Dufresne (@davduf) 15 janvier 2019
Que retenez-vous de ce silence autour des violences policières ?
Aujourd’hui, ce n’est plus du silence, c’est du déni. M. Castaner lui-même [le ministre de l’intérieur], lundi soir, nous explique qu’il ne connaît « aucun policier qui ait attaqué un “gilet jaune” » : on est dans le mensonge d’Etat.
Il y a bien des violences policières, elles sont gravissimes. Il faut remonter à octobre 1961 pour arriver à un tel déchaînement – sans comparer la situation actuelle avec les morts de la répression au métro Charonne et les Algériens jetés dans la Seine.
La police républicaine ne peut pas tirer sur la foule sans avoir de comptes à rendre. Mais j’ai reçu quelques procès-verbaux d’audition à l’IGPN [inspection générale de la police nationale] : elle va faire son travail d’étouffoir. Pourtant, 78 plaintes sont instruites, beaucoup plus que lors des manifestations contre la loi travail ou les émeutes de 2005, ce qui montre l’étendue des dégâts. Il y a une gêne de la police.
Le silence médiatique fait aussi partie de la violence exercée, c’est ce qui remonte des témoignages que j’ai reçus. La police s’autorise aussi ces coups parce qu’il n’y a pas de répercussion médiatique. Ce déni politique et médiatique est antirépublicain.
[…]
Affaire Benalla,ordre de casser du manifestant,grand débat,traité de Marrakech puis d’Aix la Chapelle dans qqs jours,…
Tout chez ce gouvernement,méme la façon a laquelle il a était mis au pouvoir relève du mensonge,de la manipulation et de la désinformation!
LREM et MERDIA sont de connivence depuis le début pour mettre a genoux la république et le peuple dans l’intétet d’enrichir les grandes fortunes.
Nos élites n’arrivent méme plus a cacher leur mépris de classe tout comme la justice ne pourra bientôt plus couvrir toutes les bavures, alors l’heure du jugement aura sonnée.
Je retiens des violences policières bcp de rancoeur envers eux et surtout ceux qui leurs donnent les ordres , trop de manifestants(es) sont grièvement blessés(es) . Avant la répression il y a la PREVENTION mais je pense que ce mot il est méconnu des FDO , pourtant dans les écoles de police c’est une des premières choses qu’ils apprennent !
C’est scandaleux de tirer sur les manifestants(es) au visage , de lancer des grenades lacrymogènes……etc
Le travail de policier est très dur je le reconnais , car » je suis pas persuadée » que les policiers blessés ne l’ont pas été par des manifestants(es) mais plutôt par des durs les casseurs a qui ils les policiers ont déjà eu a faire a eux . Je veux bien croire qu’il y ait une poignées de manifestants violents . Enfin je suis très triste de toute cette violence !